La jeune militante suédoise pour le climat Ia Aanstoot demande à Greenpeace d’abandonner sa position antinucléaire dépassée.
Elle le dit avec d’autres jeunes militants: l’opposition anti-science de l’ONG à l’énergie nucléaire européenne sert les intérêts des énergies fossiles.
François Jaffré, notre responsable affaires publiques et communication nous représente dans cette campagne aux côtés des ecohumanistes (dont vous pouvez lire le communiqué de presse ici).
La démarche
Au mois d’avril, Greenpeace a annoncé qu’elle ferait appel de la décision de la Commission européenne d’inclure l’énergie nucléaire dans son système de classification de la finance durable, la fameuse taxonomie, conçue comme un guide pour les investisseurs privés souhaitant financer des projets verts, et visant à dynamiser les investissements environnementaux.
Ia Aanstoot, qui a participé pendant trois ans au mouvement de grève des écoles du vendredi lancé par Greta Thunberg FridaysForFuture, déclare que la contestation juridique de Greenpeace sert les intérêts des combustibles fossiles plutôt que l’action climatique.
Avec des militants de cinq autres pays de l’Union européenne (de Pologne, Suède, France, Finlande et des PaysBas) elle lance la campagne “Dear Greenpeace” demandant à l’ONG d’abandonner son opposition anachronique et non scientifique à l’énergie nucléaire, et de se joindre à eux dans la lutte contre les combustibles fossiles.
Cette semaine, Aanstoot a soumis à la Cour de justice de l’UE une demande pour devenir une “partie intéressée” dans la prochaine bataille juridique entre la Commission européenne et Greenpeace. Si le tribunal approuve la demande, elle et d’autres militants pourront témoigner en faveur de l’énergie nucléaire.
Ia Aanstoot fait valoir que plus d’un tiers de l’énergie bas-carbone de l’UE provient du nucléaire, et que la motion de Greenpeace visant à s’en débarrasser est donc nuisible aux efforts pour le climat.
“Greenpeace est coincé dans le passé et lutte contre une #énergie propre et bas-carbone alors que le monde brûle. Nous devons utiliser tous les outils disponibles pour lutter contre le réchauffement climatique, et le nucléaire en fait partie. J’en ai assez de devoir me battre avec d’autres écologistes à ce sujet alors que nous devrions lutter ensemble contre les combustibles fossiles.”
Une autre militante, Julia Gałosz, biologiste de 22 ans, témoigne également auprès du Guardian : “J’ai manifesté avec désarroi contre Greenpeace alors qu’ils faisaient campagne pour arrêter les réacteurs nucléaires allemands, ce qui a conduit au maintien du charbon en Allemagne. Aujourd’hui, ils veulent empêcher mon pays, la Pologne, de passer du charbon au nucléaire. Trop c’est trop.”
Il y a trois ans, lors de l’arrêt définitif du deuxième réacteur de Fessenheim, nous manifestions devant le siège de Greenpeace France pour leur demander de faire preuve de responsabilité face au péril climatique et cesser leurs attaques et leur désinformation à l’encontre de la première source d’énergie bas-carbone de France et d’Europe. A lire ici.
Notre victoire d’alors : avoir poussé Greenpeace France à reconnaître que le nucléaire n’émet pas de CO2, et que le combat pour réduire les émissions de gaz à effet de serre est ailleurs.
Notre happening pour dénoncer le vandalisme climatique que représente la fermeture prématurée d’un réacteur, et l’opposition idéologique à l’énergie nucléaire, a eu un écho international inattendu.
Nous avons soutenu activement l’inclusion de l’énergie nucléaire dans la taxonomie de finance durable de l’UE pendant près de 4 ans. Pour que le nucléaire puisse bénéficier, au même titre que l’hydraulique, l’éolien et le solaire, des investissements financiers essentiels pour contribuer à préserver le climat.
Le vote final favorable du Parlement européen début juillet 2022 fut une grande victoire pour la science et une bonne nouvelle pour les jeunes générations. Nous y étions.
Mais en avril 2023, Greenpeace, l’un des groupes environnementaux les plus influents du monde, et plusieurs de ses branches nationales en Europe ont déclaré qu’elles poursuivraient la Commission européenne en justice pour faire exclure le nucléaire de la taxonomie.
Après toutes ces années, Greenpeace continue de faire de la supression de l’énergie nucléaire son objectif principal.
Les jeunes soucieux d’une lutte efficace contre le réchauffement climatique ne sont plus dupes de l’erreur de cette cause. Ils veulent aussi être entendus par la Cour de justice européenne.
Le monde change. Il est temps que Greenpeace s’y mette.
“La sortie anticipée du nucléaire, des pays comme l’Allemagne et la Belgique l’ont fait – la Belgique, heureusement, que partiellement. On a bien vu que les émissions de CO2 ont significativement augmenté après la sortie du nucléaire. Donc j’espère que Greenpeace, que Europe Écologie les Verts, changeront de position.”